Je ne crois pas en Dieu. Mais j’écoute beaucoup la télé américaine, trop diront les personnes normalement constituées. Trop, dirai-je aussi, parce que maintenant j’ai peur des serpents et des Mexicains. Je m’égare. Je ne crois pas en Dieu donc, mais les Américains eux, oh putain, ce qu’ils y croient. Avec ferveur et constance. Il est partout, à gauche, à droite, dans la bouche des journalistes et dans celles des stars, avant le repas et en Irak; fascinante ubiquité qu’on croirait presque circonscrite aux 50 états de l’Union. De Le voir ainsi appelé à toutes les rescousses, je me rends à l’évidence, et admet son existence. Il a l’aigle tatoué sur le cœur, et tient lieu de liant dans ce bouilli infernal qu’est l’Amérique. Pauvres, riches, noirs, blancs, hispanos, libéraux, néo-conservateurs, West Coast, East Coast, Midwest, tous vivotent comme ils peuvent sous le regard bienveillant d’un dieu inventé. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, d’une invention. Comme la nation, premièrement imaginée, puis pouvoir agissant, déterminant. Diptyque dangereux…ça sent l’Ancien Régime. J’exagère, je crois que je fais de la fièvre.