Tout le monde est en émoi parce que le PM français, François Fillion, a qualifié le Québec de pays. Blasphème gaullien, mouche dans la soupe et pavé dans la mare, on a beaucoup jasé. Puis il s’est repris, et a dit ceci: « Chez moi, un pays, c’est un endroit où il y a des paysans. » Je sais même pas quoi penser de cette rectification, et après tout on s’en fout, parce qu’ici il n’y a ni pays ni paysans, mais une province et des agriculteurs. Cette guerre de mots creux, rhétorique partisane et langue de bois, je dois dire qu’elle me lasse. Je laisse aux analystes du discours le soin d’y extraire quelque sens sous-jacent.
Mon intérêt est ailleurs. Dans son discours de Québec, Fillion a dit quelque chose de beaucoup plus intriguant: « Mesdames et Messieurs il n’y a qu’une France et c’est elle qui depuis quatre siècles est présente en Amérique. » Quoi?! Totalement tue par les médias, ignorée, cette assertion s’est faufilée et personne n’a rien dit. Qu’est-ce qu’il a bien pu vouloir dire? Où ça la France? Dans l’architecture du Vieux-Québec? Dans la langue? Dans les étudiants venus de l’Hexagone? On nous réclament Français? Rêve impérial anachronique, nostaglie d’une « plus grande France »? Délires romantiques? On n’est pas plus Français que Britanniques, nonobstant les ponts de la langue. En fait, à bien des points de vue, plus comme les seconds que les premiers.
Il n’y a qu’une francophonie, ok, mais qu’une France?
Même en France il y a plein de France.