Repenser Le Panoptique

Le Panoptique est mort, vive Le Panoptique! Autant le printemps dernier fut-il difficile pour la revue, autant est-elle aujourd’hui animée d’un souffle nouveau, bien que toujours portée par ce même souci de contribuer de façon réfléchie et critique au débat public.

 Pt47112 - unsuccesful panning
Karmazyniello, Pt47-112 – unsuccesful panning, 2006
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De fait, si le Panoptique est toujours en vie, c’est grâce à l’équipe de transition qui s’est constituée le 13 juin dernier, dans une salle en racoin de la Grande Bibliothèque. Tous collaborateurs de la revue, provenant de différentes sections et des branches francophone et anglophone, nous avons non seulement décidé de poursuivre le projet, mais aussi d’en renouveler le visage.

Ce visage, nous avons dès le début voulu qu’il reflète la réalité de notre équipe, soit la présence presque égale et certainement complémentaire de francophones et d’anglophones (et donc d’un bilinguisme tout montréalais), l’ancrage disciplinaire de chacun dans des branches très variées du savoir, ainsi que – voire surtout – la volonté de travailler à un projet qui en soit un de vulgarisation critique et d’investissement de ce savoir dans notre société.

Plus qu’un simple catalogue de points de vue particuliers, Le Panoptique favorise les perspectives larges, ouvertes à l’interdisciplinarité et attentives à l’ensemble de la société comme lieu de création et d’investissement de la connaissance. Si l’université nous a fourni une formation spécialisée, nous souhaitons cependant nous en distancier quelque peu (et plus particulièrement de ses barrières disciplinaires) pour favoriser l’apport de professionnels, d’artistes, d’intervenants communautaires et de citoyens engagés.

Il nous apparaît ainsi plus que jamais nécessaire de réinvestir le savoir, la réflexion et l’expérience de chacun dans la société afin de dégager des pistes de solution novatrices par rapport aux problèmes contemporains. Nous avons, socialement, plus que jamais besoin de perspectives neuves afin de surmonter la fatalité de la débâcle économique, du cynisme politique et du statu quo social. Parce qu’il importe d’abord de comprendre pour agir avec vision et discernement.

Lieu de critique, d’analyse et de débat, Le Panoptique se veut une tribune ouverte à la prise de position intellectuelle, au sens public et critique du terme. Dans un monde où l’université se replie trop souvent sur elle-même (quand elle ne s’arrime pas au marché) et où les médias de masse laissent de moins en moins d’espace à la pensée critique, notre revue prend avantage des médias numériques et d’Internet pour créer un lieu de débat accessible à tous et libre de toute autorité institutionnelle (ou corporative).

De fait, si le web permet de publier et diffuser du contenu à l’échelle de la planète et à faible coût, la reconnaissance de ce média comme vecteur de production culturelle reste à venir. Alors que de nombreuses revues migrent vers une forme en ligne pour palier aux coûts élevés de la publication papier, l’aide gouvernementale s’avère pratiquement nulle pour quiconque ne donne pas dans la convergence. Ce manque de soutient aux productions culturelles numériques, de même qu’aux revues d’idées en général, s’avère donc un enjeu des plus essentiels à la survie de projets comme Le Panoptique ainsi que, de façon plus large, au maintien de voix indépendantes et critiques au sein de la société civile.

La tâche est donc grande et la relance du Panoptique ne constitue, en fait, que la première étape d’un projet d’émulation intellectuelle, politique, sociale et culturelle. Nous ne prétendons pas disposer de tous les outils et de l’expérience nécessaires pour garantir le succès de notre entreprise, aussi sommes-nous des plus ouverts à l’apport de toute personne intéressée par le projet du Panoptique. Que ce soit comme membre du comité de rédaction, comme auteur, comme commentateur ou simplement comme lecteur, nous sommes heureux que notre projet vous interpelle et participe ainsi du débat constant qu’entretient, avec elle-même et le monde, toute société plurielle et dynamique.

4 réponses sur “Repenser Le Panoptique”

  1. Heureux de voir que ça continue et que l’impératif de rentabilité redevient bon second derrière l’impératif de qualité des articles.

  2. Nous sommes bien heureux aussi, de même que de voir l’intérêt de plusieurs pour le projet dans sa nouvelle version. Par contre, à ce que je saches, je ne crois pas qu’il n’y ait jamais eu d’impératif de rentabilité au Panoptique…

  3. « un bilinguisme tout montréalais  » écrivez-vous ???? C’est dommage de voir que des gens tels que vous auriez pu contribuer à valoriser la culture québécoise francophone en étant fiers de produire votre « Le Panoptique » uniquement en français. Au contraire, en choisissant le bilinguisme, vous contribuez à son affaiblissement et à moyen terme, sa disparition. C’est la solution Trudeau.

    Lydia Anfossi

  4. Je suis désolé, mais ce n’est pas parce que nous ne nous fermons pas à l’apport intellectuel et culturel de nos amis anglophones de Montréal que nous ne faisons pas la promotion de la culture québécoise. Vous n’avez qu’à lire mes différents travaux, c’est le sujet même de ceux-ci.

    Ce n’est pas parce que nous ne nions pas la présence anglophone que nous ne sommes pas sensibles et préoccupés par le statut du français, bien au contraire, seulement nous ne souscrivons pas à un jacobinisme qui ne favorise aucunement le dialogue et la cohabitation respectueuse.

    Que le Québec soit un État unilingue est un fait acquis et il ne nous est jamais venu à l’idée de reléguer le français à un quelconque statut subordonné quand au fonctionnement de la revue, par exemple. Mais il est vrai que Montréal, en tant que métropole multiculturelle, implique une cohabitation avec de nombreuses cultures dont l’anglophone, qui s’avère dynamique en de nombreux cercles. Nous ne nous croyons pas moins Québécois et certainement pas plus trudeauistes de reconnaître cet état de fait et de laisser une tribune à nos amis anglophones pour s’exprimer plutôt que de nous en couper.

    Et il demeure toujours qu’au moins 4 articles sur 5 de la revue sont en français.

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