Alors alors. Je vous ai convaincu d’essayer Ubuntu? Vous êtes perplexes devant un pingouin aussi polymorphe que Tux (c’est le nom de la mascotte de Linux)? Bref, l’installation d’un nouveau système d’exploitation vous donne des boutons même si ça a l’air cool, vous préfèreriez quelques chose d’un peu plus soft. Bon, d’accord.
Parlons donc de logiciels libres, sujet vaste s’il en est un, et dont j’avais déjà commencé à vous parler dans mon billet précédent. Qu’est-ce qu’un logiciel libre? Tout d’abord, c’est un logiciel dont le code source est accessible (d’où l’appellation « Open Source« ), à l’encontre des logiciels propriétaires, qui ne dévoilent jamais leur code source, ce qui empêche – du moins légalement – toute modification ou adaptation du logiciel par les utilisateurs. Le logiciel libre se définit ainsi par quatre libertés, soit:
1- La liberté d’exécuter, d’utiliser le logiciel de toutes la façons possibles et sans restrictions;
2- La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, ce qui nécessite l’accès au code source, et la possibilité de le modifier, de l’adapter à ses besoins;
3- La liberté de redistribuer des copies du logiciel, et ce gratuitement;
4- La liberté d’améliorer le programme et de rendre le produit de son travail public, accessible aux autres.
De fait, ces libertés n’ont rien d’incroyable, mais se sont imposées comme nécessaires devant l’hégémonie que Microsoft construisait au début des années 1980 autour de ses systèmes d’exploitation, à la fois payants mais nécessaires au fonctionnement d’un ordinateur. Dans ce contexte, un programmeur américain, Richard Stallman, développa le projet GNU, dont le but était de mettre sur pied une plateforme libre et gratuite permettant l’utilisation d’un ordinateur. Voilà d’ailleurs comment la plateforme GNU servit de base au développement du système d’exploitation Linux, développé par Linus Torvalds à partir de 1991 et dont je présentais la distribution Ubuntu dans mon billet précédent.
Afin de financer son projet, Stallman mis sur pied la Free Software Foundation, qui développa également le concept de logiciel libre et, éventuellement, de licence libre, proposant alors un modèle de licence alternatif au modèle propriétaire et marchand, les licences libres (Copyleft, contre les Copyrights) étant à l’origine des Creative Commons, des licences libres s’adaptant à toute forme de production culturelle, tant intellectuelle qu’artistique.
En somme, si les logiciels libres ne sont pas neufs pour les geeks intéressés par l’informatique, et particulièrement par l’informatique disons de gauche (parce qu’une telle chose existe), il reste que ces logiciels connaissent, depuis quelques années, un essor inédit et concurrencent de plus en plus sérieusement les logiciels propriétaires, ce qui n’est pas sans rendre certains éditeurs nerveux, Microsoft au premier chef.
Dans un premier temps, mentionnons d’abord Mozilla, un organisme sans but lucratif californien qui a hérité du code source que Netscape a légué à la communauté après s’être fait tassé par Internet Explorer de Microsoft, à la fin des années 1990. Mozilla a ainsi développé Firefox, un navigateur léger, rapide et sécure, libre et aisément adaptable, permettant aux usager de développer des applications complémentaires et des thèmes à volonté. L’essor de Firefox est remarquable depuis quelques années, lui qui occupe maintenant environ 20% des parts de marché des navigateurs et dont le dynamisme du développement a souvent laissé Internet Explorer à la traîne, réduisant ce dernier à reproduire les innovations de son concurrent non-commercial. Mentionnons également que Mozilla a développé Thunderbird, un client courriel concurrencant Outlook et présentant les même posibilités de personnalisation que Firefox. Ces logiciels sont évidemment disponibles gratuitement sur le web, et ce dans toutes les langues, en plus d’être compatibles sur toutes les plateformes, que ce soit Windows, Mac ou Linux.
Le même principe est valable pour la suite Open Office, qui contient à peu de choses près les mêmes logiciels et fonctionalités que la suite Office, de Microsoft. Autrefois un peu moins soignée que son concurrent, la suite Open Office, dans sa version 3.0, atteint un sommêt de précision et d’ergonomie, présentant une alternative aussi polyvalente que fiable – sans compter le gros 0$ qu’elle coûte – aux outils de Microsoft. Mentionnons finalement l’éditeur graphique GIMP qui, sans être aussi développé que Photoshop d’Adobe, permet cependant de travailler des images jusqu’à un certain niveau de complexité, et ce de façon aussi libre que gratuite.
Les logiciels libres présentent donc une alternative aussi dynamique qu’intéressante aux logiciels propriétaires et participent en même temps d’une réappropriation démocratique de la technologie, permettant d’avoir prégnance sur elle et de participer à son développement et son adaptation aux besoins de ses usagers. Vous ne perdez rien à les essayer, que quelques minutes d’installation, et entrerez peut-être dans un monde qui changera votre regard sur l’informatique, qui n’est pas que marquée par la domination de géants, mais constitue également le lieu de pratiques collaboratives que le reste de la société gagnerait à intégrer davantage.