C’est avec une grande tristesse qu’on apprend ce matin le décès de Michel Chartrand (1916-2010). Le Panoptique désire rendre hommage à ce grand syndicaliste, pourfendeur des injustices et des inégalités, homme entier dont la force de caractère et les convictions auront profondément marqué le Québec.
Alors qu’on célèbre souvent les « bâtisseurs », les hommes politiques qui ont joué du système parfois pour faire avancer une idée, beaucoup plus souvent encore leur propre carrière, Chartrand fait figure de tache d’huile auprès de l’intelligentsia, lui l’anarchiste qui refusait les compromis et n’avait cure de froisser les esprits pour dénoncer le vol, de plus en plus assumé, des plus démunis par les plus riches et présenté sous le couvert de la nécessité.
Avec le décès de Chartrand, qui suit celui de Pierre Vadeboncoeur et de Pierre Falardeau, c’est une autre voix forte que perd le Québec pour se penser en dehors du discours dominant, du politically correct et des intérêts particuliers. Avec le décès de Chartrand, il faut se soucier d’un Québec qui se fait toujours plus tiré par la droite, qui se fait asservir aux nécessités du marché et, plus encore, de la finance, des créances et des subventions qui tombent toujours dans les mêmes poches.
Le rire de Chartrand
L’héritage le plus puissant de Michel Chartrand, c’est peut-être son rire, son grand rire sonore et moqueur qui ne laissait personne indifférent, qui déculottait sur le champ les arnaques qu’on tentait de lui vendre comme une plus-value pour le bon peuple.
Le rire de Chartrand, ce n’est pas le rire comique qui domine seul maintenant dans l’espace public, le rire humoriste qui se moque de l’insignifiant parce qu’il n’a pas le courage de penser l’ensemble, le politique et le social, desquels on a trop souvent démissionné collectivement.
Le rire de Chartrand, c’est le grand rire carnavalesque, c’est le rire subversif qui se donne le droit de démettre le roi et de le traîner dans la boue de l’ironie, c’est l’impulsion vitale d’un esprit libre et anticonformiste qui a cependant toujours eu la générosité de travailler à améliorer le sort de son prochain et qui, jamais, n’a sombré dans la démission ou le cynisme. Le rire de Chartrand était tout sauf blasé, il était au contraire le rire d’une jeunesse de cœur éternelle et c’est sans doute pourquoi nous aurions voulu le garder encore avec nous, un peu plus longtemps encore.
Chartrand quitte un Québec bien mal en point, à se demander si ses luttes ont servi à quelque chose à voir le niveau de corruption ambiant. Au-delà des luttes et des magouilles, Chartrand l’épicurien qu’on a cherché plus d’une fois à faire taire[1] nous rappelle l’amour d’un Québec encore à bâtir, de luttes à poursuivre et d’idéaux de justice sociale qui ne pourront triompher que lorsque l’économie cessera d’être considérée comme une fin en soi.
En campagne pour l’Union des forces progressistes en 1998 contre le chef péquiste Lucien Bouchard qui tambourinait son « Déficit zéro », Chartrand opposait une « Pauvreté zéro », rappelant qu’une société n’a pas de dette que financière, mais également sociale envers ses exclus.
Si Chartrand est unique, inimitable et irremplaçable, il faudra bien trouver d’autres figures publiques qui auront suffisamment de couilles pour dénoncer la puanteur du climat politique ambiant. La gauche n’a plus, sauf en de cercles très restreints, son radicalisme d’antan, et ce n’est pas un mal en soi. En remplacement des militants des années 1960 et 1970, on compte maintenant beaucoup d’universitaires pour théoriser la chose sociale, et ce n’est pas inutile.
Seulement, on cherche toujours une voix qui parle au peuple, dont le ton et le vocabulaire soient accessibles et disent de façon simple et juste la colère de l’oppression et de l’humiliation quotidienne de travailleurs qu’on exploite de plus en plus sous couvert de crise économique, de délocalisation et autres concepts gestionnaires dépourvus d’humanité.
Chartrand, comme Vadeboncoeur et Falardeau, était un grand humaniste qui refusait la logique instrumentale qui prévaut un peu partout maintenant. Au langage de la nécessité il opposait la solidarité et même une bonne dose d’idéalisme, parce que c’est en imaginant un monde meilleur qu’on se donne les moyens de le réaliser, qu’on arrive à dépasser les contingences auxquelles les esprits petits se résignent et considèrent comme des faits de nature, alors qu’elles sont plutôt souvent (sinon toujours) le résultat d’un système d’exploitation.
Que résonne donc toujours, dans nos cœurs et nos mémoires, le grand rire de Chartrand, que cette impulsion nous pousse toujours à remettre en cause la logique des affairés et des affairistes. C’est ce rire qui nous montrera le chemin d’un monde meilleur, c’est surtout lui qui nous motivera à le construire et à surmonter le cynisme qui, lui, ne construit rien.
Salut Michel.
Notes
[1] Rappelons qu’il a été emprisonné durant quatre mois suite à la crise d’Octobre.
Très bel article et bien écrit qui rend à Chartrand ce qui revient aux grands Hommes de ce monde. Quel être d’honneur, de générosité, de justice sociale, de tenacité franche et d’intégrité.
AIE ! Michel Chartrand mérite des funérailles nationales. Il fut le bloc (du peuple) face au rouleau compresseur de l’establishment. Si on accorde de telles funérailles à un simple cinéaste (Carle), comment peut-on décréter qu’un libérateur de peuple s’éteigne sans consécration ? Câlisse, réveillez-vous, bande de caves !
Gordon Sawyer
@Gordon Sawyer
Je suis d’accord pour les funérailles nationales, mais il ne faut pas non plus sous-estimer l’apport de Gilles Carle qui, dans le milieu cinématographique, fut énorme. Certains films de Carle sont d’envergure nationale, et ça justifie amplement la reconnaissance posthume qui lui fut faite.
Cependant, Chartrand est lui aussi un monument, mais seulement un monument qui ne s’est jamais empêcher d’appeler un chat un chat, et un voleur un voleur. Il était clairement très peu politically correct, et c’est ce qui faisait sa franchise et son authenticité. Il mérite à mon sens tous les honneurs, mais l’establishment acceptera-t-il de consacrer son irrévérence? D’en haut, j’entends déjà résonner son rire…
SVP-POUR PUBLICATION. MERCI
MESSAGE DE CONDOLÉANCES ET SOUHAIT D’UN JOUR DE DEUIL NATIONAL À L’OCCASION DU DÉCÈS DE FEU MICHEL CHARTRAND, UNE ICÔNE DU PATRIOTISME QUÉBECOIS, UN HOMME JUSTE ET UN GRAND HUMANISTE ET SUGGESTION D’ÉRIGER UN MONUMENT EN HOMMAGE ÀSA MÉMOIRE. (Voir ci-joint communiqué du vendredi, 16 avril 2010, Honte au Premier Ministre , Jean Charest pour son argument simplet pour ne pas décréter un jour de deuil national suite au décès de feu Michel Chartrand)
C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de feu Michel Chartrand, lundi, le 12 avril 2010. Pour moi, il était un grand homme, une figure emblématique du mouvement syndical, une icône du patriotisme Québécois de la première heure et profondément voué à la justice sociale et aux causes des peuples opprimés des pays en développement en général et à celle de la Nation Palestinienne en particulier. Il était apprécié, aussi bien au Québec, au Canada qu’à l’extérieur du pays.
Connu pour sa générosité légendaire, il était le frère des pauvres. Pour lui, il n’existait pas de différences de couleurs, de races… Il était surtout connu comme celui qui avait la détermination et la rage de débarrasser nos institutions gouvernementales d’habitudes malsaines, ce qui a fait de lui un adversaire redoutable pour ceux qui oppriment les pauvres et qui s’enrichissent aux dépens des Québécois.
Contrairement à certains de nos politicards au fédéral, au national et au municipal, M. Chartrand a compris dès ses premières interventions politiques qu’un vrai patriote devait servir le Peuple et non se servir de lui.
Il faut que l’Histoire Québécoise se souvienne de ce grand homme, unique en son genre, je souhaite qu’on érige un monument en hommage à sa mémoire.
Les dirigeants des 4 partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale sont entrain de se battre pour le pouvoir et oublient ainsi les vrais enjeux des Québécois: lutter contre la pauvreté et l’exclusion; améliorer le statut des travailleurs ; contrer l’augmentation des taxes et les frais de scolarité et plutôt élargir le système d’éducation au plus grand nombre possible d’étudiants ; éviter un système à deux, voire à trois vitesses ; respecter sécuriser et rendre accessible les soins aux personnes âgées ; protéger l’environnement… Il aurait été plutôt souhaitable que le gouvernement Charest décrète une journée de deuil national afin d’honorer la mémoire de cet homme hors du commun.
Quant à Stephen Harper, Premier Ministre du gouvernement d’extrême droite du Canada il a annoncé un jour de deuil national, suite au décès du président polonais Lech Kaczynski, le jeudi, 15 avril 2010. Il aurait été plus juste qu’il décrète aussi un jour de deuil national, samedi, le 17 avril 2010 à l’occasion des funérailles de celui qui a marqué l’Histoire du Canada et du Québec, feu Michel Chartrand.
BÂTIR ENSEMBLE UNE NATION QUÉBÉCOISE PLUS JUSTE, PLUS ÉQUITABLE ET PLUS INCLUSIVE
Très tôt, le grand patriote Michel Chartrand a compris que LE SILENCE DEVANT L’INJUSTICE EST UN CRIME et dénonçait les politicards qui veulent faire du Québec une ethnocratie dictatoriale qui mise sur les rivalités interethniques et interreligieuses
afin d’accéder ou de se maintenir au pouvoir… Pas étonnant que ses plus grands calomniateurs et détracteurs se trouvaient toujours parmi les oppresseurs qui bafouent les droits élémentaires des travailleurs québécois et les béni-oui-oui. Québec a perdu aujourd’hui un de ses éminents patriotes de la première heure qui s’est engagé dès le début de 1940 dans la lutte pour l’émancipation des Québécois. Il faudra garder surtout en mémoire qu’il a démontré un grand exemple de courage et de persévérance lorsqu’il n’a pas hésité un seul instant de réclamer, haut e t fort, en 1941, aux autorités canadiennes, le respect de sa langue maternelle, le français.
En tant que citoyen canadien, natif de Djibouti, issu d’une minorité ethnique et qui habite la capitale nationale Québec, depuis presque deux décennies, je trouve scandaleux et immonde que certains de nos politicards avides de pouvoir, veulent aujourd’hui phagocyter la charte des droits et liberté du Québec qui était la fierté de tous les Québécois, ici et ailleurs dans le monde en la transformant en une charte qui s’applique uniquement à certains « aryens » et à certaines « ethnies » ! Donc, pas étonnant de voir que ces représentants du peuples sont là pour se servir du peuple et non pas pour le servir.
Pour ma part, je crois qu’à l’aube de ce 3e millénaire, le Québec a besoin de dirigeants qui savent écouter, partager les visions de toute la population et être juste envers tous les citoyens issus de toutes les origines et confessions comme l’a été feu Michel Chartrand. On ne peut pas bâtir une nation en piétinant sur les droits les plus élémentaires de ses autochtones et en opprimant ceux qui sont issus des minorités ethniques et religieuses.
En ces moments difficiles, c’est avec une grande émotion que je présente mes plus sincères condoléances et mes profondes sympathies à sa conjointe, à ses enfants, à ses petits enfants et ainsi qu’à ses arrière-petits-enfants.
Je suis certain que de là-haut, il veillera sur notre Nation Québécoise et qu’il intercédera pour faire rayonner le Québec comme il l’a toujours fait dans sa vie. Que Dieu l’accueille dans son paradis éternel.
Merci M. Chartrand pour tout ce que vous avez fait pour le Peuple Québécois ! Merci pour l’exemple de courage et de ténacité envers la classe ouvrière québécoise et les sans-voix ! Merci pour votre droiture, votre intégrité et votre patriotisme !
Ali Dahan,Ph.D. , Ex-Diplomate, apolitique
Pacifiste mais jamais passif face à l’injustice
947, rue de Bar-Le-Duc Québec, G1W 2N8
Portable: 418-262 2504 Tél. et Fax: 418- 658-9244
Québec, vendredi, le 16 avril 2010
COMMUNIQUÉ
HONTE AU PREMIER MINISTRE, JEAN CHAREST
POUR SON ARGUMENT SIMPLET POUR NE PAS DÉCRÉTER
UN JOUR DE DEUIL NATIONAL
SUITE AU DÉCÈS DE FEU MICHEL CHARTRAND
Cette après-midi, 16 avril 2010, je me suis rendu à Longueil, au salon funéraire où était exposé Michel Chartrand pour lui rendre un dernier hommage. J’ai appris d’une source digne de foi que notre Premier Ministre a eu le culot d’affirmer qu’il ne décrètera pas un jour de deuil national, ni le samedi, 17 avril 2010, jour des funérailles de Michel Chartrand, ni à une date ultérieure.
M. Charest prétend qu’il ne peut pas décréter un jour de deuil national parce que la famille Chartrand n’en a pas fait la demande.
Je trouve que cet argument ne tient pas la route et est bien simplet. On se demande alors si M. Charest voulait que la famille quémande cet hommage pour décréter un jour de deuil national !
Je trouve que c’est un devoir et même une obligation pour le Premier Ministre de décréter un jour de deuil national pour ce grand fils du Québec que fut feu Michel Chartrand. Pire encore, pour éclipser la journée des funérailles, samedi, le 17 avril 2010, dédiée à la mémoire du grand patriote Michel Chartrand, notre Premier Ministre Jean Charest a non simplement choisi de ne pas participer aux funérailles mais se contente d’envoyer deux de ses ministres. Il a choisi en cette journée mémorable de convoquer un conseil général pour les dirigeants de son parti, le PLQ afin de commémorer la mort d’un de ses dirigeants !
Que M. Charest arrête de jouer à ce jeu mesquin d’infliger à cette noble famille endeuillée une peine supplémentaire.
En conséquence, je demande au nom de ceux qui croyaient à ce grand combattant de la justice sociale et de la liberté des Peuples que le Premier Ministre décrète un jour de deuil national, samedi, le 16 avril 2010 ou ultérieurement (Voir ci-joint mon message de condoléances , paragraphe 5) et qu’il s’engage à ériger un monument en sa mémoire
(idem, paragraphe 4).
Ali Dahan, Ph.D. Ex-Diplomate, apolitique
Pacifiste mais jamais passif face à l’injustice
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