L’accès pour tous

Industrie Canada a annoncé hier, par voie de communiqué, qu’elle approuvait une première tranche de 52 projets visant à implanter Internet haute vitesse en régions, dans le cadre de son programme « Large bande Canada: un milieu rural branché ».

Il s’agit sans conteste d’un progrès important pour plusieurs communautés, qui en étaient encore à l’âge de pierre de la connexion téléphonique. De fait, ce qui n’était que frustrant pour les matantes s’échangeant des photos de minous par courriel était carrément intenable pour nombre de professionnels et d’entrepreneurs, pour qui l’absence de connexion décente plombait la productivité, au point où certains résidants quittaient même ces zones pour cette raison.

Si l’on peut donc saluer cette initiative (bien que tardive, il faut l’admettre), un constat plus général s’impose: l’accès à Internet (à la même vitesse que les autres) devient de plus en plus une condition nécessaire à l’insertion du citoyen dans la société. Or, suffit-il seulement d’avoir accès à Internet pour être, du coup, véritablement partie de la nouvelle société de l’information numérique?

Un peu comme pour lire, l’utilisation disons « intelligente » d’Internet et, plus largement, des technologies de l’information et des communications (TIC) demande une certaine forme de littéracie particulière, la maîtrise de compétences techniques de base et la compréhension des codes de ce média. Cette compréhension, quoiqu’on en pense concernant les plus jeunes, n’est pas innée chez aucun groupe en particulier.

Au contraire, on se rend compte que les groupes les plus défavorisés (classes sociales les plus pauvres, immigrants, etc.) se retrouvent de plus en plus marginalisés par une fracture numérique qui vient s’ajouter à la fracture sociale, économique et culturelle déjà existante, rendant plus difficile encore l’insertion sociale et, surtout, professionnelle.

En ce sens, des initiatives comme celles de l’organisme Communautique, qui travaille par exemple à l’alphabétisation par le recours aux TIC, contribuent à réduire cette fracture numérique. Qu’il me soit permis, à ce sujet, de dénoncer les coupes du gouvernement fédéral dans le Programme d’accès communautaire (PAC), qui fournit aux communautés des points d’accès gratuits aux citoyens souvent logés dans des organismes communautaires et des bibliothèques municipale, lesquels pouvant ainsi rejoindre plus facilement des personnes pouvant bénéficier de leurs services.

Pour dire les choses simplement, c’est bien d’avoir une presse pour imprimer des livres, mais encore faut-il que les gens sachent lire, qu’on leur donne les ressources pour apprendre s’ils ne le savent pas, et qu’on leur donne ensuite gratuitement accès à une bibliothèque. C’est pas tout le monde qui peut se payer des éditions de luxe cartonnées. Même virtuelles.

Note de fin de journée

Bon, il semble que mon café ait été un peu trop fort ce matin, j’apprends aujourd’hui que la fracture numérique diminuerait depuis 2 ou 3 ans, et je m’en réjouis. En un sens, il est vrai que je n’avais pas parlé de l’Internet mobile, les cellulaires et tout, avec les satellites même Tombouctou est connecté à la planète virtuelle pour peu qu’on paie le prix. Fort bien.

On compare des taux de branchés avec le revenu annuel, et même les paumés sont maintenant majoritairement branchés. La fracture se rétrécit. Ah bon. Se réduisait-elle seulement au taux de branchement, ou aussi à l’utilisation qui est faite de la technologie?

On peut posséder des livres sans savoir les lire, de la même façon qu’on peut être branché sans savoir véritablement utiliser la bête. En passant, vous comprendrez que je parle à un niveau qui n’a rien à voir avec la ruralité ou l’urbain.

Et l’autre problème, on doit l’avouer, c’est qu’il n’y a pour l’instant assez peu de livres intelligents qui soient accessibles à tous, numériquement parlant. Vivement le droit d’auteur libre, mais c’est un autre débat.

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