Je m’imagine vêtu seulement de ma cotte de maille, en 1134, sous le soleil, au milieu des dunes d’un Irak à venir. Mon épée dans la main, la lame pleine du sang des Infidèles. Je rugis comme un débile dans un latin approximatif. Quid mouratru Islam infernus! Eh oui, je suis un croisé. Croisé égaré dois-je préciser, car relativement loin des collines de Jérusalem. Peu importe. On peut connaître la raison de ma présence là-bas, si loin de mes pénates bourguignonnes, en lisant l’inscription gravée sur le manche de mon épée: « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. » Moi et mes potes croisés on a trouvé ça dans la Bible, et on trouvait que ça en jetait pas pire.
Presque 1000 ans plus tard, dans le même sable maintenant devenu irakien, les Marines américains violent des chameaux. Leur arme en bandouillère. Sur le viseur, on peut lire « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. » Et voilà. Ma mémoire se perpétue. J’en chie d’excitation. On tient à remercier la compagnie Trijicon, qui depuis vingt ans agrémente ses armes de références bibliques.