Y’aura pas de bataille des plaines 2, comme y’a jamais eu de « séquelle » de la Guerre des tuques.
Aaahh, c’est dommage, on aurait pu régler nos comptes. Demandez aux Irlandais, il ne saurait y avoir de festivités sans une couple de bonnes tapes sa yeule. Mais le réglage de compte, c’est pas le fort du Canada (Québec compris, pour une fois), on préfère le comme-si-de-rien-n’était. Le Dominion n’a pas les couilles de la Couronne. On attend que l’autre tourne les talons, pis schlak!, on y plante une fourchette de plastique dans nuque. Ou pire, on médit en courbant l’échine, comme des vieilles mouchkas ouraliennes.
Y’en aura qui, à l’instar de la grosse Pratte, vont accuser les nationalistes de tourner le dos à leur devoir de mémoire. Deux choses.
Un, la majorité des Québécois savent déjà, et depuis longtemps, qu’à un moment de notre histoire de fourbes Anglais ont profité que c’était notre soirée de brosse pour nous voler notre pays. Ça revient tout le temps, dans toutes les chaumières, les Québécois savent ça. La date est accessoire, comme le déroulement précis des événements. Ce à quoi on tourne le dos, c’est au devoir de mémoire canadienne, à cette vaste minute du patrimoine grandeur nature en gestation dans les bureaux d’Ottawa.
Deux. Faire face à l’histoire, c’est ce que certains groupes nationalistes se sont promis de faire en prévenant qu’ils pitcheraient de la marde dans fan des festivités. Évidemment, tout ça n’est pas très consensuel, je veux dire les fèces dans le ventilo et tout. Mais bordel il s’est agit d’une guerre. Pour Ottawa et paradoxalement, le show de boucane des canons aurait servi à couvrir l’aspect fondamentalement confrontationnel et diviseur de l’événement souligné. Tant que les petits enfants sont émerveillés sur les épaules de leurs parents gazés à l’eau-de-rose, tout le monde est content. On se serait quand même salement marré de voir débarquer dans ce tableau idyllique la horde pileuse des poteux uquamo-nationalistes, dont je ferais volontier partie si ce n’était de mon statut respectable de traître mcgillien, assorti d’une incapacité chronique à fumer du pot quand il fait clair.
Enfin, l’événement sera souligné quand même. Chacun de son côté, puisqu’ Ottawa songe maintenant à tenir son « Grandeur nature » en Ontario. Petites natures.
C’est à vous les plaines, vous les avez gagnées, faites-en ce que vous voulez. On sera pas là de toute façon, ça tombe notre journée de brosse.
Né sous le lys, grandi sous la rose, fini dans boisson.