Mais qu’est-ce donc que ce Web 2.0 dont tout le monde parle, mot-valise s’il en est un, buzz word jusqu’à la nausée? Sincèrement, je ne crois pas avoir entendu d’autre mot dont on parle sans arrêt pour dire un peu tout et n’importe quoi. Ah non, attendez, ça me revient, il y a aussi la fameuse « modernité » dans les cours d’histoire du Québec, dont on parle sans cesse sans jamais la définir, comme si d’en parler souvent aller finir par nous créer une image mentale se passant d’explications. Bon, comme le prof en question a finit par perdre sa job, j’essaierai d’être plus rigoureux.
Le Web 2.0, donc. L’expression vient de Tim O’Reilly, directeur des éditions du même nom et qui font autorité dans le milieu de l’informatique. O’Reilly évoqua le terme de Web 2.0 afin d’identifier l’évolution récente de plusieurs interfaces web permettant une interaction entre l’utilisateur et le créateur/administrateur du site, voire entre les utilisateurs eux-mêmes. Cette interactivité se distinguait donc fondamentalement des premiers sites statiques programmés en HTML (1.0), ou même des sites dynamiques générant leurs pages à partir d’une base de données (1.5).
Les interfaces les plus connues relevant du Web 2.0 sont évidemment les blogues et les wikis, dont l’immense popularité ont fondamentalement changé le visage du Web, permettant aux usagers de publier directement sur la Toile, de s’échanger du contenu, bref de participer. S’ajoute à cela les sites de partage (YouTube, Flick, etc.), l’agrégation de contenu (RSS), la folksonomie (les tags). On remarquera l’accent mis sur les relations horizontales, l’absence de hiérarchie, bref la mise en commun en fonction d’intérêts ou de caractéristiques convergents, tant pour l’information que pour les individus (voir les sites de réseautage social, Facebook au premier chef).
Voilà pour la définition. Passons aux implications. Dans un premier temps, et c’est le constat le plus évident et le plus répandu, le passage au 2.0 marque sans conteste une démocratisation des possibilités de publication offerte par l’Internet. De fait, l’explosion du contenu maintenant disponible sur le Web est sans précédent, ce qui a poussé Chris Anderson, rédacteur en chef de la revue Wired, à développer l’idée de Long Tail (longue traînée) pour illustrer l’immense diversité du contenu offert sur le Web.
Or, plus d’un auteur, notamment dans le milieu académique, a soulevé l’immense bruit que représente ce foisonnement de contenu, au sein duquel on trouve d’abord énormément de bouette. D’une certaine façon, c’est tout le principe d’autorité de l’auteur et du processus d’édition qui se trouve court-circuité par ces technologies, tout un chacun pouvant se proclamer auteur et faire part au monde de son intérieur. Un peu comme nous le faisons sur ces blogues. Comme si tout le monde avait quelque chose de véritablement intéressant et pertinent à dire, ce qui est loin d’être certain.
Comment juger le Web 2.0? La cause est difficile, puisque plurielle et protéiforme. Qu’on aime ou pas, le Web 2.0 est trop bien implanté pour pouvoir revenir en arrière, ce qui n’empêche pas de s’interroger sur les implications profondes de ses pratiques. À titre d’exemple, le cas de l’encyclopédie en ligne Wikipédia induit un questionnement de fond sur la valeur d’un savoir collaboratif et soumis à aucune autorité (académique) traditionnellement reconnue comme légitime concernant l’énonciation du savoir.
Tout cela vous intéresse? Moi aussi. Mais j’arrête ici, j’ai besoin de me garder du jus pour mes billets à venir. Au plaisir de débattre.