Lambeaux de noirceur

Je suis ces temps-ci la série Duplessis (Denys Arcand, 1977), à ARTV. C’est génial, et tous mes acteurs y sont, Lapointe, Pilon, Sabourin, Caron, etc. La fine équipe. Ça relate la vie du « cheuf », le prince de la grande noirceur. Bou! Ça se passe en amont de la Révolution tranquille, nos Lumières à nous, notre avatar de révolution bourgeoise, un ami dirait le début des haricots. Bref tout y est, népotisme, corruption, cléricalisme, nationalisme des profondeurs, de la peur de tout. On se dit bordel, quelle époque sombre, tout le monde écrasé sous la botte d’indécrottables crottés. Une cenne la tonne. Puis je me dis, aujourd’hui, c’est combien? Une piasse? Dix? Maîtres chez nous? Ma petite lumière rouge clignote, tout le monde à la bat-révolution…

C’est cliché-mâché, mais c’est vrai qu’on est bien dans le confort DE l’indifférence. Pour beaucoup trop de monde encore, la Révolution tranquille, c’est le sentiment du devoir accompli. On est blanchi, modernes, on s’endort tranquilles. Puis on sursaute quand Hérouxville, silencieux depuis la nuit des temps, ouvre la bouche et qu’en sort cet air pourri de fond de grange humide. La SLAPP de 11 millions contre Écosociété, c’est tout le monde qui la prend sur la gueule. On oublie vite, mais on voit toujours, sur notre immaculée blancheur de parvenus à la lumière, quelques lambeaux de noirceur.

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