On a tous, dans notre entourage, déjà rencontré une personne souffrant ou ayant souffert de troubles dépressifs. Une étude a révélé que 6% des Nord-Américains souffrent de dépression. Les symptômes, les causes biochimiques et les traitements sont autant de points sur lesquels la médecine a fait de réelles avancées. Toutefois, cette maladie est si complexe qu’elle garde, aux yeux des scientifiques, sa part de mystère.
Qu’est-ce que la dépression?
Chacun de nous connaît la déprime ou la tristesse, mais chez une personne saine, ces sentiments ne perdurent jamais plus que quelques jours. Une personne dépressive, par contre, perd le contrôle de toutes ses activités quotidiennes; s’en suit une profonde souffrance(1). La dépression se caractérise par un état pathologique associé à une humeur triste et douloureuse et par une réduction de l’activité psychologique et physique. Les personnes atteintes de dépression se sentent impuissantes, et d’autres symptômes comme l’anxiété et l’insomnie viennent souvent s’ajouter aux maux déjà présents(2). Plusieurs types de dépressions existent: la dépression saisonnière, la dépression psychotique, la dépression post-partum et le désordre majeur dépressif. Les dépressions les plus communes sont celles dites dysthymiques (caractérisées par des symptômes moins sévères, mais par une longue durée) et celles de désordre majeur dépressif (la forme la plus connue de dépression)(3). Il est à noter que la dépression touche deux fois plus les femmes que les hommes et que près de 120 millions de personnes en seraient atteintes(4).
Qu’est-ce qui cause une dépression?
Un ensemble de facteurs engendre la dépression. Ils sont d’ordres génétiques, biochimiques, environnementaux et psychologiques, mais nous allons surtout nous intéresser aux facteurs biochimiques puisque ce sont les plus connus(5). Des recherches indiquent que les maladies dépressives sont des désordres de l’activité cérébrale. En mesurant celle-ci par résonance magnétique chez des patients atteints de dépression, on a montré des différences par rapport aux résultats des personnes non atteintes(6).
Le cerveau fonctionne grâce à des messagers chimiques (appelés neurotransmetteurs) qui permettent de commander les différentes fonctions du corps, sensitives, motrices, émotionnelles, etc. Lorsqu’un neurone est activé, le signal électrique passe à travers sa structure en fibre et induit la libération des signaux chimiques, les fameux neurotransmetteurs. Les neurones ne se touchent pas entre eux, ce sont les neurotransmetteurs qui permettent la transmission du signal. Parmi la trentaine de neurotransmetteurs découverts, des chercheurs ont trouvé une association entre la dépression et la fonction de trois neurotransmetteurs: la sérotonine, la norépinephrine (ou noradrénaline) et la dopamine. Ils ont comme fonction de réguler les émotions, la réaction au stress, le sommeil, l’appétit et la sexualité(7). La dépression serait due à un déséquilibre dans la quantité de ces molécules présentes dans le cerveau. Par contre, on fait face au problème de l’œuf et de la poule. Il n’est pas encore évident définir si la dépression cause l’instabilité des neurotransmetteurs ou si c’est ce débalancement qui cause la dépression. Comme les neurotransmetteurs sont présents en petite quantité et qu’ils ont une durée de vie très courte, l’étude de ceux-ci est très difficile. Les drogues ou psychotropes sont généralement des molécules assez proches des neurotransmetteurs pour agir à leur place. Ce sont des outils indispensables pour comprendre leur fonctionnement.
Le système endocrinien est constitué de petites glandes produisant les hormones, ces messagers internes qui circulent dans le sang. Certains résultats ont montré qu’ils seraient impliqués dans le développement de l’état dépressif. Un problème dans le niveau hormonal coïncide avec un déséquilibre au niveau des neurotransmetteurs du cerveau. Et ceci est une boucle fermée, car, à leur tour, la sérotonine, la dopamine et la norépinephrine ont toutes un rôle dans la production des hormones(8). Des stimuli, comme le manque de sommeil, de nourriture, de sexualité ou encore tout autre stress extérieur, modifient les taux des hormones mis en cause et, par extension, la production de neurotransmetteurs cérébraux. Alors, la dépression s’installe.
Traitement possible
Plusieurs moyens existent afin d’aider la personne dépressive à combattre ce mal. Les médicaments, les psychothérapies et les produits naturels sont des recours qui peuvent être utilisés pour en venir à bout(9).
Les antidépresseurs sont les principaux médicaments utilisés afin d’aider le patient à guérir. Il en existe plusieurs types et ils ont tous comme cible les neurotransmetteurs décrits précédemment. Les plus récents sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), qui agissent en favorisant leur accumulation par inhibition de leur recyclage. D’autres classes de médicaments existent, comme les inhibiteurs de la recapture de norépinephrine (IRSN), les tricycliques et les inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO). Ce sont surtout les ISRS et les IRSN qui sont prescrits puisqu’ils ont moins d’effets secondaires que les autres classes de médicaments. Les patients prenants des antidépresseurs ont une période d’adaptation, mais par la suite une amélioration de leur état est observée. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à des résultats instantanés, plus de quatre semaines peuvent s’écouler avant que l’on observe un effet positif(10-11). Les antidépresseurs agissent en mimant l’action d’un neurotransmetteur ou en inhibant son action sur le neurone suivant.
En plus de prendre des médicaments, les personnes souffrant de dépression suivent souvent une psychothérapie afin de trouver la source psychologique de leur état. La combinaison des psychothérapies et de la médication permet une meilleure résolution de la maladie. La psychothérapie permet de soulager la détresse en amenant le malade à discuter des sentiments qu’il ressent, des attitudes qu’il doit changer, de ses comportements et de ses habitudes qui peuvent être nuisibles(12).
Certains produits naturels, comme le millepertuis, semblent avoir un effet bénéfique pour le traitement de la dépression légère. Mais des mises en garde sont à faire sur les produits naturels. En Amérique du Nord, aucune réglementation n’existe sur la production des produits naturels. Cependant, en Europe, des essais cliniques ont démontré un effet significatif contre la dépression(13-14). Il est recommandé par les médecins de consulter un professionnel lorsqu’on décide d’utiliser des produits naturels, étant donné le peu de connaissances scientifiques dans ce domaine.
Avant tout, la dépression est une maladie qu’il faut accepter comme telle, comme on le fait pour une grippe. Elle se soigne et se guérit. Par contre, le processus de guérison est beaucoup plus long que pour une maladie «physique», il est donc essentiel de laisser du temps à la personne atteinte afin qu’elle puisse bien se rétablir. Il est important de ne pas prendre la dépression comme une maladie légère, ce n’est pas parce que la personne n’a aucun symptôme apparent que la personne ne souffre pas. D’autant plus, cette maladie a souvent des effets bien plus dramatiques dans la déconstruction de la vie sociale et professionnelle de la personne atteinte.
Notes
(1) National Institue of Mental Health, Depresssion. [en ligne] 25 pages <http://www.nimh.nih.gov/health/publications/depression/complete-publication.shtml> Consulté le 18 juillet 2008.
(2) Creaphama.ch, Dépression définition, statistique. [en ligne] 3 pages < http://www.creapharma.ch/depression-definition.htm >. Consulté le 16 juillet 2008.
(3) National Institue of Mental Healt, op. cit.
(4) Creaphame.ch, op. cit.
(5) National Institue of Mental Healt, op. cit.
(6) Creaphame.ch, op. cit.
(7) All about depression, Biological cause of Depression. [en ligne] 4 pages. < http://www.allaboutdepression.com/cau_02.html >. Consulté le 16 juillet 2008.
(8) Ibid.
(9) National Institue of Mental Healt, op. cit.
(10) Ibid.
(11) Centre de toxicologie et de santé mentale, Les traitements. [en ligne] 7 pages. <http://www.camh.net/fr/About_Addiction_Mental_Health/Mental_Health_Information/Depressive_Illness/dep_illness_treatments_fr.html >. Consulté le 16 juillet 2008.
(12) Ibid.
(13) Ibid.
(14) Stahl, M Stephen, Psychopharmacologie essentielle – Bases neuroscientifiques et applications pratiques, Paris, Médecine-Sciences Flammarion, Avril 2002, p. 601